mercredi 11 avril 2012

Panel / Chute de Laurent Gbagbo / gestion du nouveau pouvoir de Ouattara

Des Ivoiriens se prononcent, dénoncent, félicitent et proposent

11 avril 2011-11 avril 2012, cela fait bientôt 1 an déjà que Laurent Gbagbo est parti du pouvoir suite à une crise postélectorale restée dans les annales. Des Ivoiriens reviennent sur les temps forts de ces moments et se prononcent sur la gestion actuelle du pouvoir, par l’équipe du Président Ouattara.


Docteur Doumbia Major (Président du CPR) : ‘’Sur le plan personnel, j`ai vécu cela comme la fin d`un calvaire’’




« En tant qu`exilé politique, j`ai vécu cela comme une libération, car cela équivalait pour moi à une possibilité de retour dans mon pays. J`espérais pouvoir enfin voir mes proches et mes camarades de lutte. Donc sur le plan personnel, j`ai vécu cela comme la fin d`un calvaire, même si les événements qui vont suivre par la suite me donnerons tort, car la chute de Gbagbo ne m`a pas donné pour autant cette possibilité, vu que j`ai aussitôt été combattu par ceux qui me voyaient comme une menace, puisque nous avons combattu ensemble pour obtenir le changement. Sur le plan politique, cela équivalait pour moi à une fin espérée de la politique de division tribale du pays, car on pensait qu`avec le départ de Gbagbo et la politique de ‘’l` ivoirité’’ qu`il avait repris sous le vocable de patriotisme, on verrait une politique d`unité nationale qui condamnerait et rejetterait, toute exclusion et ségrégation sur la base ethnique, mais malheureusement il semble qu`il y a un travail à faire dans ce domaine, car nous voyons une résurgence de l`ethnicité sous une autre forme. Ce qui signifie qu`il y a un combat à continuer. Je regrette que le changement que nous voulions et voyions comme un changement qui ferait surgir une démocratie sociale, n`ait pas été. Nous voyons des reculs des acquis sociaux qui sont inacceptables. Sur la question de l`école, il est inadmissible qu`on demande aux étudiants de payer 40% de leur frais de scolarité. Il est regrettable de voir que les écarts entre les salaires qu’on voit dans notre pays, sont disproportionnés. Il y a des salaires de politiques qui sont plus de 300 fois supérieurs au Smig. On se croirait dans une jungle. Quand on voit la retraite qui passe de 55 à 65 ans avec augmentation corrélative des cotisations sociales dans un contexte ou l’espérance de vie a baissé de 57 à 55 ans, il y a de quoi se poser des questions. Quand on voit que l’école qui devrait être le pilier du développement reste l`objet d`une courte vision, il y a de quoi inquiéter ! C`est une question d’hommes et c`est une question de système. (...) C`est un début certes, car on ne peut pas juger rigoureusement un gouvernement en moins de deux ans, mais il y a un grand ménage à faire par le président Ouattara. Les mauvais réflexes sont toujours présents chez certains de ses collaborateurs qui abusent du peuple de par leur posture sociale. La justice reste instrumentalisée et la violence reste de mise. Il y a du chemin à faire ensemble dans le respect et éviter le mépris du peuple souverain. Car le véritable pouvoir et la souveraineté appartiennent au peuple. Il ne faut pas le perdre de vue».




Blé Guirao, Secrétaire Général adjoint de l’Udpci : ‘’Cette nuit du 10 au 11 avril 2011 fut très longue’’



« Beaucoup d`émotions à l`occasion de ce 11 avril 2012...Je me rappelle encore le 11 avril 2011 comme si c`était hier. Bloqués au golf depuis le 16 décembre 2011, on a suivi en direct les derniers jours qui ont précédé le 11 avril 2011 jour de la chute et de la capture de Gbagbo. On avait encore veillé comme on le faisait depuis le blocus au sein du cercle NTIC du Golf notre structure commune de combat des réseaux sociaux de la LMP et dont je suis le Président....Mais les nuits des 09, 10 au 11 avril 2011 ont été terribles pour nous à cause des problèmes de concentration et de sérénité....Les rumeurs et les nouvelles fusaient de partout...Cette nuit là, après un bref entretien chez le Président Mabri nous sommes montés sur le toit pour contempler et voir les mouvements des hélicos et entendre les tirs assourdissants de partout....on était un peu méfiant car ayant en mémoire encore les attaques du golf par les partisans de Gbagbo en trois endroits différents: Sur la lagune-sur le côté de la résidence de Marie Thérèse Houphouët-du côté de M`pouto. On frôlait la mort depuis longtemps et cet état de fait avait crée une solidarité agissante entre nous. Cette nuit du 10 au 11 avril 2011 fut longue, très longue. Sur le toit on notait, en plus du Président Mabri les Ministres Dagobert Banzio, Allah Kouadio, Adjoumani, Gnamien Konan et plusieurs autres cadres. Le cœur n`était pas à l`ouvrage au sein du cercle N`TIC du Golf. On a veillé jusqu`au petit matin et on a été agréablement surpris de voir au petit matin le Président Ouattara sortir de son bureau et faire les cent pas avec comme toujours un téléphone en main. Il avait à ses côtés les ministres Hamed Bakayoko, Gon Coulibaly et Amon Tanoh. Vers 10H les rumeurs de la chute de GBAGBO ont commencé à amplifier et à 10H 30, je reçois un coup de fil de Bloléquin m`annonçant que depuis le vendredi 08 avril 2011 des inconnus armés sont entrés dans mon village a KDZ/ Bloléquin et ils ont tué mon frère cadet, son épouse, mon oncle et notre manœuvre ».




Frank Toti (communicateur) : ‘’On peut reconnaitre quelques bons signes aux nouveaux dirigeants, mais dans l’ensemble, c’est la désolation’’


«Les événements du 11 avril 2011 ont été pour nous aussi bien choquant qu’attristant. Non pas pour la personne de Laurent Gbagbo, mais pour la mise en veilleuse de la bonne marche de la démocratie en Côte d’Ivoire. On n’avait pas besoin d’installer un régime à coup de canon. Concernant la gestion du pouvoir actuel, je veux être plus réaliste, ADO désillusion et non ADO solutions. Il avait promis des centaines de milliers d’emplois, mais il a donné des centaines de milliers de licenciements. Il avait promis de construire 5 universités en 5 ans, il en a fermé 3 à moins d’un an. Entendez par là, l’université de Cocody, d’Abobo-Adjamé et l’URF de Daloa. Il avait promis d’améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, mais aujourd’hui, la moitié du peuple ne peut pas se nourrir. Son point fort, ou si vous préférez, son axe de communication et de gouvernement, c’est le rattrapage ethnique. Nous sommes à fond dans le rattrapage ethnique dans toutes les structures de l’Etat. Il n’a pas déçu les Ivoiriens, mais il a plus déçu ses partisans qui avaient placé beaucoup d’espoir en lui. Mais aujourd’hui, ils se sont rendus compte qu’on leur a servi de la poudre aux yeux. Mais il n’est pas encore tard, pour ce qu’il appelle le reste de son mandat. Le gouvernement doit travailler à ressouder les Ivoiriens. Parce qu’aujourd’hui, le tissu social est déstructuré, est désorganisé. Depuis le 11 avril, les Ivoiriens se regardent en chien de faïence or, c’est le contraire qui devait se produire. Le triste constat est que la réconciliation se trouve dans les nuages et dans les beaux discours. Mais dans les faits, on continue d’arrêter des gens qu’on présente comme des pro-Gbagbo et des gens qu’on présente comme des faiseurs de coup d’Etat. C’est la première fois qu’en une année de règne d’un président, en 365 jours, on a 365 tentatives de coup d’Etat. C’est vrai qu’on peut reconnaître quelques bons signes aux nouveaux dirigeants, mais dans l’ensemble, c’est la désolation ». 




Réalisé par A. Dedi et Hyacinthe. K


Source:   L'intelligent d'Abidjan

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