Article Publié par le quotidien ivoirien L'expression le mercredi 1 juin 2011
Les rumeurs les plus folles ont obligé le patron des jeunes ‘‘patriotes’’ à sortir du bois. Dans une lettre publiée hier dans les colonnes de certains quotidiens et attribuée à Charles Blé Goudé, ce dont je doute fort, le leader de la galaxie patriotique a tenu à rassurer ses partisans. « Mes chers compatriotes, je suis vivant », s’est réjoui l’éphémère ministre de la Jeunesse et de l’Emploi dans le gouvernement fantoche d’Aké N’Gbo. Il aurait pu ajouter : « Sortez le tapis rouge, les tables, les nappes brodées, les verreries, les bouteilles de champagne pour faire la fête à l’honneur du résistant national » Et les 3.000 morts pendant la crise postélectorale ? Ce n’est pas grave, le plus important c’est que le ‘‘génie de Kpo’’ soit vivant. Pas un seul mot, pas une seule ligne pour un petit « yako » à tous ceux qui ont perdu un être pendant les cinq mois de feu. A ceux qui auraient jubilé à l’annonce de sa mort, le roitelet de service sous le régime de la refondation, enseigne que « nul ne doit souhaiter, ni fêter la mort de son prochain, fût-il son pire ennemi ». Or donc on ne fête pas la mort de son pire ennemi. Et pourtant, Blé et les siens ont célébré les funérailles de l’ex-président français Jacques Chirac, d’Alassane Ouattara, du commandant Wattao. Il déplore que depuis la chute de son champion, « d’honnêtes citoyens sont pris en otage, les plus chanceux libérés moyennant une rançon. » C’est bien qu’il soit vivant. Il pourra ainsi dire aux Ivoiriens ce que sont devenus les otages de Gbagbo : le colonel Adama Dosso, Coulibaly Abdoulaye et Hégel (membres du Cpc), Ouattara Yacouba (agent de liaison à Nord Sud), les Français Stéphane Frantz Di Rippel et Yves Lamblin, le Malaisien Chellia Pandian et le Béninois Raoul Adéossi enlevés à l’hôtel Novotel-Plateau. Que dire du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer porté disparu depuis avril 2004 ? Dans le fond, le leader de la galaxie patriotique ne manque pas d’air quand il affirme que « des villages entiers ont été incendiés, obligeant les populations à trouver refuge en brousse (…) D’honnêtes citoyens sont dépossédés de leurs véhicules, de leurs appareils électroménagers et même de leurs casseroles, verres et cuillères ». Nous sommes heureux que Charles Blé Goudé qui a passé des années à distribuer des armes de guerre dans tout le pays soit vivant. Car à l’instar de son dieu Laurent Gbagbo, de sa déesse Simone, du général Dogbo Blé et des auteurs de crimes, il doit être auditionné par le procureur de la République. Pour que toute la lumière soit faite sur les miliciens et mercenaires libériens qui ont semé la mort partout en Côte d’Ivoire. C’est cette page triste que « le bon petit de Gbagbo » veut rayer d’un trait au travers d’une lettre à vite oublier. Disons-le tout net, la vraie-fausse lettre du ‘‘ministre de la rue’’ n’éteindra pas les accusations avec de telles jérémiades.
Jean-Roche Kouamé du quotidien ivoirien L'expression.
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