samedi 12 mars 2011

Côte d'Ivoire: la presse dans une situation "dramatique", selon RSF

Par Thomas Hofnung


Ce n'est pas la première fois, mais ce n'est jamais une bonne nouvelle. Ce vendredi matin, les journaux étaient totalement absents des points de vente habituels à Abidjan. Pas de "titrologie" possible, donc, l'une des activités favorites des Abidjanais qui scrutent les "unes" de la presse, toutes couleurs confondues.

A l'aube, vers 5 heures du matin, des membres des forces de sécurité ont débarqué dans les locaux de l'imprimerie du groupe Edipress (une filiale de Prestallis) pour empêcher la parution des journaux pro-Ouattara. Ces derniers devaient faire leur gros titre sur le sommet de l'Union africaine qui, la veille, à Addis-Abeba (Ethiopie), a confirmé la victoire du rival de Laurent Gbagbo. Pour protester contre ce coup de force, Edipresse a décidé de suspendre la parution de tous les quotidiens.

Dans un communiqué, l'association Reporters sans Frontières (RSF) juge "gravissime" la situation des journalistes et des médias en Côte d'Ivoire. "Menacés, inquiétés, exposés aux règlements de comptes et risquant parfois leur vie lors de reportages dans certains quartiers, les journalistes subissent une situation impossible", estime RSF. L'ONG rappelle aussi que deux journalistes de Télé Notre Patrie (TVNP, pro-Ouattara) - Abou Sanogo et Gnahoré Charly - sont détenus à la Maison d'arrêt d'Abidjan, sans autre forme de procès. Mais aussi qu'un employé de l'imprimerie qui édite Notre Voie, proche de Gbagbo, a été assassiné, le 28 février, à coups de machettes et de gourdins à Koumassi.

Alors que le pays bascule progressivement dans la guerre civile, il devient de plus en plus difficile, pour les reporters locaux, d'informer leurs concitoyens de ce qui se passe dans leur pays.



photo Reuters: marche des femmes contre Laurent Gbagbo, le 8 mars, à Treichville (Abidjan)
Source: http://africa.blogs.liberation.fr/diplomatie

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire