mardi 2 mars 2010

Le nouveau président de la CEI, Youssouf Bakayoko


La crise politique née de la dissolution de la Commission électorale indépendante (CEI) est terminée. L’ex-ministre Youssouf Bakayoko, élu à la tête de cette institution, devra relever des défis qui lui permettront de mettre tous les Ivoiriens en confiance sur sa volonté d’organiser des élections propres, justes et transparentes. Eclairage sur ces défis. La Commission électorale indépendante (CEI) a un nouveau président, en la personne de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Youssouf Bakayoko. Proposé par le Premier ministre, Guillaume Soro, il a été élu à l’unanimité des membres de la Commission centrale. Bien qu’étant du PDCI-RDA, et donc du RHDP, M. Bakayoko n’a pas été récusé par La Majorité présidentielle. Ses qualités de conciliateur et d’homme de rigueur ont immanquablement plaidé en sa faveur. Il est donc ce “président acceptable par tous” que réclamait la Majorité présidentielle. Une personnalité qui inspire confiance à toutes les parties. Une personnalité impartiale qui œuvrera pour des élections crédibles et transparentes, dans l’intérêt supérieur de la Nation ivoirienne.

Le nouveau président de la CEI, Youssouf Bakayoko, va devoir se mettre rapidement à la tâche. Il devra relever des défis qui lui permettront de rétablir la confiance entre la CEI, la population et tous les acteurs politiques. Une confiance fortement mise à mal par le scandale des 429.000 individus frauduleusement introduits sur la liste électorale par l’ancien président de la CEI, Beugré Mambé, et ses complices.

Le premier défi à relever par Youssouf Bakayoko est celui de la réorganisation de la Commission électorale indépendante et sa remobilisation afin qu’elle redore son blason terni. En effet, dans sa composition, la défunte CEI était largement dominée par le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP). C’est au nom de cette majorité mécanique dont il disposait que le RHDP a cautionné bruyamment la vaste opération de fraude que pilotaient Beugré Mambé et Jean-Baptiste Gomis, tous deux issus respectivement du PDCI et du RDR, deux partis politiques phares du RHDP.

Il s’agira donc, pour le nouveau président, d’équilibrer les forces politiques au sein de la nouvelle CEI. Il suffira, pour cela, de donner une voix délibérative à tous les 31 membres de la Commission. Dans la défunte CEI, seuls les 22 membres de la Commission centrale avaient voix délibérative. Alors que les 31 membres ont tous prêté serment devant le Conseil Constitutionnel. Une fois cette tâche accomplie, le président Bakayoko devra également remobiliser les membres de la CEI. Ceux-ci ayant été fortement affectés par le scandale Beugré Mambé. Le deuxième défi qui attend le président Bakayoko et celui du toilettage de la liste électorale. En effet, l’obtention d’élections justes et transparentes passe par une liste électorale propre. Or le nouveau président arrive justement à la tête de la CEI dans un contexte de conflit né de la vaste opération de fraude orchestrée par son prédécesseur. C’est pourquoi, très rapidement, il doit jeter un regard critique sur la liste électorale pour en extraire tous les fraudeurs qui y ont été introduits par Beugré Mambé. Et ne retenir que les Ivoiriens qui ont droit au vote conformément à la loi. Youssouf Bakayoko devra, à tout le moins, réaliser ce que le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, M. Young J. Choi, a appelé “un croisement négatif sur la liste des 5.3 millions pétitionnaires”. Il devra, ensuite, faire “un croisement positif” sur la liste des 1.033.000 pétitionnaires du contentieux pour que tous ceux qui se disent Ivoiriens apportent la preuve de leur nationalité ivoirienne.

La concrétisation de ces défis permettra au nouveau président de la CEI de créer un climat de totale confiance entre toutes les parties prenantes aux élections et sa structure, qui a en charge l’organisation de ces élections-là.

C’est pourquoi il faut saluer l’intervention du ministre Désiré Tagro sur la radio française RFI relativement à la question du toilettage de la liste électorale. “Ce n’est pas parce qu’on a peur d’une crise qu’on va laisser la fraude s’installer. La fraude elle-même pouvant être source d’une plus grave crise”, a-t-il soutenu.

Pour tout dire, lutter contre la fraude électorale, c’est préparer une paix définitive.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire