jeudi 7 avril 2011

Abidjan comme Beyrouth !: Plusieurs forces contrôlent Abidjan en cette période de crise


Malgré les images rassurantes que diffuse la RTI ou TCI, les débats interminables sur l’issue de la crise, les appels aux jeunes patriotes à prendre d’assaut les rues et les nombreuses interrogations sur la capacité des deux camps à continuer la lutte, la triste réalité de la guerre civile Ivoirienne est présente. Oui on peut le dire la guerre civile est effective en Côte d’Ivoire avec son corolaire de morts, de corps en putréfaction, de violences interminables, de combats sans fin, de pillages et de décomptes macabres. Si les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont pris rapidement plusieurs localités du pays sans grandes batailles à l’exception de Guiglo, Tiébissou et Duékoué, la conquête d’Abidjan n’est pas une mince affaire ! Les soldats restés fidèles à Laurent Gbagbo défendent crânement la moindre parcelle de terre qu’ils tiennent encore et tentent de s’organiser. Comme Beyrouth, Abidjan est morcelée en zone sous contrôle des forces pro ou anti Gbagbo ou Ouattara. Ici il n’y a ni brouz, ni phalangistes chrétiens, ni combattants du hezbollah…Les forces en présence sont les FDS (du moins ce qui en reste) fidèles à Laurent Gbagbo appuyés par des milices, le commando invisible et les FRCI fidèles à Alassane Ouattara. Aux tirs de kalachnikov et de RPG7, répondent des salves des chars BTR 80 et T40. Les troupes d’Alassane Ouattara comme les rebelles libyens se rendent compte qu’ils n’ont plus d’armes pour lutter contre leurs adversaires. Traverser un pays et le pacifier avec des fusils d’assaut est une chose mais les utiliser dans une forteresse protégée par des chars est une autre réalité. L’écart en termes de puissance de feu est grand. Les armes crépitent, les canons tonnent et la guerre des médias fait rage !

« Ça va chauffer dans quelques jours »

On ne sait plus qui dirige la Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara a sous son contrôle 95% du territoire, lui reste les 5% qui symbolisent Abidjan et une poche d’irréductible pro-gbagbo dans la région ouest de Tabou. Il faut bien que les hommes d’Alassane Ouattara contrent la DMIR dirigé par le colonel-major Konan Boniface dont les hommes rompus au maniement des armes ne semblent pas vouloir lâcher l’affaire. Cet officier supérieur de l’ethnie baoulé, notamment Akouê de Yamoussoukro qu’on disait prêt à trahir le premier en cas de crise majeure est resté finalement le plus fidèle à Gbagbo. On se bat et le peuple dans tout ça ? Pauvres ivoiriens ! S’ils ne sont pas traumatisés par les prisonniers en libertés, les pillards qui sévissent, ils sont terrés chez eux comme des rats. « Voici quatre jours qu’on ne peut pas sortir : la faim mon frère ! Quand ça se calme on sort un peu pour acheter un peu de pain et puis on rentre » affirme un habitant de la Riviera. Les boulangeries et commerces qui ouvrent sont pris d’assaut par les consommateurs. Les prix flambent : la boule d’attiéké de 500 f est passée à 750 f, le pain de 150 f à 200 voir 250 f, les marchés de quartiers s’animent par hasard… « Il n’y a plus rien et dans les jours qui viennent ça va chauffer ! La faim et la maladie vont faire plus de victimes que les obus et les balles. On vit comme des rats dans nos maisons, dans l’ennui, la peur et les nouvelles alarmantes véhiculées par les médias » affirme ce père de famille. L’heure du sacrifice de la part de nos politiciens vient de sonner : s’ils prétendent vouloir gouverner un pays avec des hommes encore vivants, ils ne doivent pas consacrer une République sur des cadavres avec une Assemblée Nationale au Cimetière.

Suy Kahofi

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