mercredi 16 février 2011

Les manoeuvres d’un dictateur aux abois,l'ivoirien Laurent Gbagbo porte plaintes contre la BCEAO



Le président sortant de la Côte d’Ivoire, Laurent Koudou Gbagbo, selon toute vraisemblance, est cuirassé contre les menaces et les sanctions qui s’abattent sur lui. Et presqu’à croupetons, il s’emploie avec ses sbires à tailler des croupières à la communauté internationale qui, on le sait, l’a pris à rebrousse-poil en reconnaissant la victoire de Alassane Dramane Ouattara (ADO). En effet, depuis lors, acculé, isolé, asphyxié et décrié, l’enfant de Mama a toujours donné l’impression d’avoir de l’aplomb, et fait feu de tout bois pour conserver le pouvoir qu’il a usurpé à l’issue du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010.

Ainsi a-t-il mis en place des milices stipendiées et des escadrons de la mort pour la circonstance, afin de ramener sous sa férule tous les quartiers réputés favorables à son adversaire ADO qui, jusque-là, vit reclus à l’hôtel du Golf. On a tout lieu d’assister à une sorte de djihad politique livré par Gbagbo afin de légitimer son pouvoir. En tout cas, ça y ressemble fort. Seulement, tout porte à croire aujourd’hui, et cela en dépit des primesautières agitations de certains thuriféraires du régime, qu’il y a péril en la demeure.

D’autant que après le récent communiqué de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) mettant en garde toutes les banques ivoiriennes contre tout éventuel soutien audit régime aux abois, de nombreux établissements financiers et non des moindres, ont fini par mettre la clé sous le paillasson. Et sans attendre, Laurent Gbagbo, on s’en souvient, qui avait déjà déposé une plainte auprès de la Cour de justice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour l’ingérence dans les affaires internes de son pays, a réagi en introduisant une autre plainte auprès de la Cour de justice de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine).

Un paradoxe, si l’on sait que Gbagbo et ses ouailles se sont mis à dos les mêmes institutions sous-régionales. Cette attitude rappelle celle de l’ex-président nigérien Mamadou Tandja qui, après avoir nargué et persiflé l’instance sous-régionale, s’en était in fine remis à elle, par l’entremise de ses proches, pour espérer être libéré. En vérité, Gbagbo, à travers toutes ces démarches, ne vise qu’une seule chose :gagner du répit pour mieux asseoir ses tentacules dans une Côte d’Ivoire jadis présentée comme le pays le plus prospère de la sous-région, mais aujourd’hui en voie d’être balkanisée au regard de la prégnance des relents ethno-régionalistes.

Toutefois, on ne peut s’empêcher de se poser une question embarrassante : Laurent Gbagbo accepterait-il les verdicts des cours régionales s’il en venait à perdre le procès ? En d’autres termes, s’en remettra-t-il aux verdicts au cas où ils ne lui seront pas favorables ? A priori, la question ne valait pas la peine d’être posée d’autant que, en recourant aux deux Cours sous-régionales, le président ivoirien sortant leur exprime indirectement sa confiance, et par conséquent reconnaît leur autorité. Seulement, il doit retenir que les décisions de la Cour de la CEDEAO tout comme celle de la Cour de l’UEMOA ne s’imposent pas de facto à un Etat. Ce ne sont que des avis.

Boundi OUOBA
Source: connectionivoirienne

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