vendredi 18 février 2011
Crise des banques en Cote D'ivoire/Voici la « galère » que vont connaitre les ivoiriens
La crise bancaire actuelle en Côte d'Ivoire, aura des effets néfastes et impardonnables sur la vie des entreprises et des ménages.
Voici les réponses à quelques questions que vous vous posez sur cette cruelle situation.
1) Quelles sont les conséquences directes d'une crise bancaire généralisée sur l'économie ivoirienne ?
Nous allons utiliser la métaphore de l'automobiliste pour expliquer les conséquences d'une crise bancaire généralisée.
Lorsque l'huile devient de plus en plus sale ou même vient à manquer dans le moteur, le véhicule arrête de fonctionner normalement ou bien on coule la bielle. De même lorsque les banques qui sont les régulateurs des flux financiers dans l'économie connaissent une crise, toute la machine économique se grippe et s'arrête. La crise économique de 1929 aux Etats-Unis qui est une référence au niveau mondial a d'abord été une crise bancaire et boursière, donc une crise financière.
2) Les entreprises peuvent-elles être touchées par cet imbroglio bancaire ?
Les entreprises sont les créateurs de richesse dans une économie. Les économistes définissent le Produit intérieur brut (PIB), le total des richesses produites, comme étant la somme des valeurs ajoutées par les entreprises. Si les entreprises sont prospères, elles produisent plus de richesses et contribuent à l'augmentation de la valeur ajoutée. Dans un tel cas, elles investissent plus et embauchent plus. Par contre, lorsque l'économie connait une récession, les entreprises produisent peu et n'ajoutent plus de valeur à l'économie. Dans un cas pareil, elles investissent très peu et n'embauchent plus.
Pour revenir au cas actuel en Cote d'ivoire, en amont, les entreprises privées de ressources financières auront beaucoup de mal a régler leurs fournisseurs et autres prestataires de services. En aval de leur cycle de production, le règlement de leurs ventes par chèques, effets de commerce ou virement ne pourra plus se faire. Les clients eux-mêmes connaissent les mêmes difficultés. Par conséquent, ne pouvant pas reconstituer leur trésorerie, les entreprises auront du mal à remplir leurs obligations contractuelles.
3) Les entreprises peuvent-elles être amenées à licencier leur personnel ou à ne plus pouvoir payer leurs travailleurs ?
Au nombre des obligations contractuelles des entreprises, il faudrait compter avec les contrats de travail. Dans une situation de crise bancaire, les entreprises auront du mal à payer leurs salariés. La plupart des entreprises vont connaitre des chômages techniques dans un premier temps. Et si la crise se prolongeant, on assistera à des fermetures d'entreprises.
4) Quelles sont les conséquences directes sur chaque famille et chaque individu ?
Les conséquences au plan social sont énormes. La grande humiliation d'un chef de famille, c'est de perdre son emploi. Toutefois, la pire des humiliations est de ne pas disposer de ressources pour faire face aux charges de la famille. Lorsqu'on connait les ramifications du salaire d'un chef de famille jusque dans son village, on comprend aisément la chaine de souffrances que devront endurer plusieurs personnes du fait de la privation d'argent vécue par un chef de famille.
5) Que devient l'argent déposé en banque par chaque individu ?
Cet argent appartient au déposant et en aucun cas pas à la banque. En fait ce sont les dépôts des clients qui font les emplois des banques. L'argent des déposants et un passif ou une dette de la banque. C'est comme si les déposants « prêtaient » leur argent à la banque, sauf que si cet argent n'est pas laissé dans un compte rémunéré comme un compte a terme, l'argent ne produit pas d'intérêt. C'est ce qu'on appelle un dépôt à vue car disponible à tout moment, en temps normal.
6) Comment chacun peut-il avoir accès à son argent ?
Chacun pourra disposer de ses fonds à la fin de la crise puisque cet argent lui appartient. Ceux qui disposent de compte d'épargne sont les plus heureux car les intérêts courent toujours.
7) Quels types d'actions peut-on recommander ou conseiller aux clients qui ont encore leur argent en banque ?
Nous ne pouvons que recommander la patience même si cette décision de fermeture des banques reste douloureuse pour la clientèle. N'importe comment les déposants détiennent une épargne « forcée », même si leur dépôt ne produit pas d'intérêt. Des que la situation reviendrait à la normale, les déposants pourraient disposer de leur argent. Comme je l'ai rappelé plus haut, seuls ceux qui ont un compte d'épargne à terme pourront bénéficier des intérêts.
8) Cette situation peut-elle entraîner une augmentation des prix des denrées de première nécessité à savoir le riz, la banane, le sucre, l'huile, la viande, le carburant ?
Bien au contraire, lorsqu'il y a contraction de la masse monétaire en circulation dans l'économie, cela peut entrainer une baisse des prix, si le niveau de l'offre de produits reste le même ou augmente. La loi de l'offre et de la demande permet de mieux expliquer les phénomènes économiques. En fait, la relative pénurie d'argent va entrainer la baisse de la demande de produits sur le marché. Si l'offre de produits reste constante ou même augmente, on assistera à une abondance de produits sur le marché qui va rencontrer une faible demande non solvable. Puisque les gens n'ont pas d'argent. La conséquence immédiate serait une baisse des prix des produits. Plusieurs denrées périssables devraient même pourrir sur les étales s'ils ne sont pas bradés pour trouver des acheteurs.
Remarquons que le phénomène contraire se produit s'il y a trop d'argent en circulation dans l'économie ou si la banque centrale fait marcher la planche à billet. Trop d'argent circule alors que l'offre de produits se raréfie. Ce qui entraine une flambée généralisée des prix
9) Avec cette asphyxie financière et bancaire, ne craignez-vous pas que le président ADO et le RHDP soient accusés par LMP « d'affamer les ivoiriens » ?
Il y a un adage bien connu de chez nous qui enseigne que « lorsque l'on crache en l'air, on ne doit pas avoir peur de recevoir quelques jets de ce crachat ». On ne peut pas accuser les autres de ses propres turpitudes. En braquant la BCEAO, le gouvernement d'Aké N' Gbo ne pouvait pas s'attendre à autre chose que de provoquer une crise bancaire, à moins que, comme ils sont des amateurs, les Refondateurs n'aient pas assez mesuré les risques. En effet, l'agence nationale de Banque centrale est le Banquier en dernier ressort des banques commerciales car elle permet de dénouer leurs opérations journalières de compensation, en intervenant par des avances de trésorerie. En plus, la BCEAO centrale est la gardienne de la trésorerie des banques et donc de l'argent des déposants. Or, en faisant main basse sur cet argent, la LMP assèche financièrement les banques commerciales. En outre, en réquisitionnant la Commission bancaire de l'Union Monétaire Ouest-africaine (UMOA), organisme chargé de la supervision et du contrôle des banques, le gouvernement Aké N'Gbo envoie un très mauvais signal aux banques. Pour reprendre la métaphore des automobilistes, c'est comme si on laissait à chaque conducteur, le soin d'appliquer lui-même le code de la route, sans organisme de contrôle, sans police ni gendarme. Imaginez-vous la pagaille ! Sans la Commission bancaire qui a été « supprimée » provisoirement par les Refondateurs, les banques sont livrées à elle mêmes. Elles n'ont plus leur gendarme chargé de leur faire appliquer les normes prudentielles définies par les accords de Bale. Pour les banques qui sont mondialement connues comme la CITIBANK, la BNP- BICICI, la SOCIETE GENERALE et autres, qui tiennent à leur image, effectuer des opérations financières dans un environnement aussi incertain, sans organisme de régulation et de contrôle, constitue pour elle un risque incalculable. En anglais on parle de « reputational risk ». Ces grandes banques qui réalisent un bénéfice lilliputien en Cote d'Ivoire, contrairement à ce que font croire les Refondateurs, ont plus à perdre qu'à gagner en opérant dans un environnement « sans foi, ni loi » car leur image en pâtirait dangereusement.
10) Jusqu'à quand peut durer cette impasse bancaire et quelles sont les conséquences sociales pour le pays ?
Cette impasse bancaire peut durer tant que le gouvernement des « amateurs » refusera de céder la place aux « professionnels », c'est-à-dire à ceux qui calculent au préalable toutes les conséquences économiques de leurs actes, y compris les plus imprévisibles. Les fermetures d'entreprises ne peuvent que se succéder aux fermetures de banques avec son cortège de chômage et autres émeutes de la faim. Cela peut être un désordre créateur d'ordre, si in fine cette révolution sociale permet de chasser du pouvoir le régime illégal et illégitime de la LMP.
AGATA BROGNAN ET BRE NGASSO
Article publié le: 16 Février 2011 - Auteur: - Source: Lebanco.net
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