Tout le monde le sait. Le pouvoir rend aveugle. Il rend même sourd. Le pouvoir transforme, change, rend méconnaissable. Il ne s’agit pas seulement du pouvoir politique, mais de tous les pouvoirs. Un artiste, un journaliste, un ingénieur, un médecin se métamorphosent dès qu’ils obtiennent un pouvoir quelconque. Comment ne pas tomber dans l’ivresse face aux louanges, aux applaudissements ? Etre connu et reconnu vous englobe dans des nuages dérobant vos pieds du sol et vous fait monter vers les nuages. Vous perdez le sens des réalités. Alassane est un homme poli, respectueux, sage, disposé à écouter les plus grands tout comme les plus petits. Va-t-il changer au contact du pouvoir suprême ? Alassane est un homme ponctuel. Quand il se propose de vous recevoir à dix heures, c’est à dix heures et non pas dix minutes après ou même des heures plus tard, a fortiori reporter le rendez-vous aux calendes grecques. Va-t-il changer quand on sait que le pouvoir accable de soucis et de plusieurs urgences à la fois ? Alassane, et je l’attends particulièrement sur ce point, répond toujours aux lettres qu’on lui adresse. Très souvent, il prend même son téléphone et appelle le correspondant. Il s’en prend même à ses collaborateurs si une lettre reste sans réponse. A ce niveau, Alassane changera-t-il ? Que de tonnes de lettres atterrissent chaque jour à la présidence venant du peuple ! Chacun recevra-t-il une réponse ? Alassane travaille sur le résultat. Quand il confie un projet à un collaborateur, à un ministre, il le suit au quotidien. Au délai imparti, tout doit être au point. Le ministre doit chaque jour lui faire le point de l’avancement du projet. Devant la multitude de projets à suivre pourra-t-il continuer à suivre tous les soirs les décisions prises et le déroulement de leur application ? Va-t-il changer ? Les nominations se feront-elles sur la compétence et non sur des critères idéologiques et politiques? Alassane est un homme de parole. Cela lui colle à la peau. Quand il dit, je peux faire ceci, il le fait. Quand il dit, je ne peux pas, il le dit. Il ne trompe pas. En politique, tout comme en amour, pour séduire, il faut tromper, mentir et faire rêver le peuple et la femme. En sera-t-il capable ? Va-t-il devenir le politicien qui fait des promesses sans y croire comme le fabuliste qui dit : « Tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute. » Ouattara sera-t-il le flatteur, tout comme le vulgaire député en campagne électorale ? Va-t-il changer et faire plaisir au peuple qui adore les contes et légendes pour se faire apprécier ? Qui peut montrer dans la rue et même dans les photos les enfants d’Alassane ? Il ne met jamais sa famille au premier plan. Tous cultivent la discrétion et l’humilité, même son épouse. Il suffit de la voir dans une cérémonie venir et repartir sans apparat, se laissant aborder facilement par tous. Au fait, qui connaît sa cousine Nabintou Cissé, la « lagaré », la préférée ? Celle qui est toujours à son secrétariat depuis Dakar ? Personne. Epouse, frères, sœurs, cousins, neveux, toute la famille d’Alassane, continuez de rester à vos places. Un chef d’Etat africain, après quelques années au pouvoir, disait que le plus grand danger, en politique, c’est sa propre famille. Alassane va-t-il mettre les Rokia et les Aïssata devant le feu de l’actualité ? Continueront-elles à passer inaperçues maintenant que le « kôrô » est devenu Président ? Alassane va-t-il changer ? Comme tout pouvoir africain va-t-il, lui aussi, multiplier les « femmes » dans chaque région ? Chaque jour, je me pose la question. Chaque jour, je suis de près l’évolution de sa marche pour détecter les changements. Pour le moment, tout va bien. D’ores et déjà, je peux me baser sur certains détails pour dire qu’il ne changera pas facilement. Alassane est un fils de chef. Et quel chef ! Descendant direct de l’empereur de Kong, Sékou Ouattara. Et cela est très important.
Il a la stature de chef dans la peau. Déjà, gouverneur de la BCEAO , il faisait président de la République. Un autre détail très important qu’on ne souligne pas assez, c’est que notre nouveau Président est formé à l’école américaine et non française. Il y a une très grande différence. Le francophone parle beaucoup sans rien faire. Un ministre français appelait cela, le mal français. L’école américaine parler peu et agit beaucoup.
John Kennedy disait : «Alors que le pouvoir est aveugle, l’art rappelle à l’homme ses limites». Homme spirituel et pratiquant les cinq genres de lecture, Alassane ne pourra pas changer facilement. Pour terminer, et ce qui fonde mon espoir, Alassane sait que ses « vrais chefs » les Coulibaly sont au contrôle. On ne laissera pas un Ouattara « gâter » notre nom. Nous sommes les grands… Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
PS : Qu’on harmonise, enfin, l’appellation du Président. Tantôt c’est le docteur Alassane Ouattara ou Alassane Ouattara, souvent le Président Alassane Ouattara ou Alassane Dramane Ouattara. En ville on dit Ouattara, Ado, Alassane. Ah Ouattara tchè !
Par Isaïe Biton Koulibaly
Source: L’Intelligent d’Abidjan
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