mercredi 25 mai 2011

Cérémonie d’investiture du samedi 21 mai 2011: le Discours du Président de la République, SEM Alassane Ouattara


Excellences, honorables invités,
Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord, de demander, que nous observions une minute de silence, en mémoire de tous nos martyrs, victimes de la crise ivoirienne, tombées dans la quête de la démocratie et de la paix en Côte d’Ivoire.

Excellences, chers invités, Mesdames et Messieurs,

Ce jour est pour nous, peuple de Côte d’Ivoire, un moment historique.

Oui, ce jour est pour tous les Ivoiriens, le début d’une ère qui marque notre volonté commune d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays.

La grave crise qu’a connue la Côte d’Ivoire au lendemain du scrutin présidentiel des 31 octobre et 28 novembre 2010, est à présent derrière nous. Elle s’est achevée par la victoire de la démocratie c'est-à-dire le respect de la volonté du peuple ivoirien.

C’est un succès pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique toute entière.

Plus qu’une simple cérémonie d’investiture à laquelle vous êtes conviés, c’est le retour de la Côte d’Ivoire sur la scène africaine et internationale que nous célébrons aujourd’hui.

C’est pourquoi, au moment où j’accède aux plus hautes charges de l’Etat, j’exprime mon infinie gratitude au peuple ivoirien qui m’a choisi pour présider à ses destinées.

Mes chers compatriotes, cette consécration est la votre. Cette investiture est votre victoire : la victoire du peuple souverain !

Je me sens également animé par un sentiment de gratitude envers le monde entier qui a fait preuve d’un formidable élan de solidarité pour le triomphe de la démocratie.

Excellences, chers invités, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais tout d’abord rendre un hommage solennel à mes illustres prédécesseurs à la tête de l’Etat.

J’ai une pensée pieuse pour un homme exceptionnel, qui a été pour moi un père, qui occupe également une place de choix dans le cœur de chacune et de chacun des Ivoiriens ; il s’agit, bien entendu, du Président Félix Houphouët-Boigny, Premier Président de la République de Côte d’Ivoire, grand sage, grand bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne. Le Président Félix Houphouët Boigny a acquis très tôt la certitude que la paix n’est pas une contingence, mais une véritable stratégie de développement.

Je salue affectueusement les membres de son illustre famille, qui nous honorent de leur présence aujourd’hui.

Monsieur le Président Bédié, cher ainé,

Je voudrais rendre hommage à votre sens élevé du devoir, votre profond amour pour notre pays et votre attachement à la Paix. Je vous remercie de votre soutien constant ainsi que de votre présence à mes côtés.

Je remercie tout particulièrement mon épouse Dominique, mes enfants, ma famille, mes amis, mes collaborateurs et tous les militants qui m’ont accompagné durant des années, dans les bons comme dans les mauvais moments, et qui ont toujours cru en moi.

J’ai une pensée filiale pour ma mère, Hadja Nabintou, que nous aurions tant voulu avoir à nos côtés ce matin.

Honorables invités,
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais à présent saluer l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement, les Chefs de délégations étrangères qui ont fait le déplacement pour être avec nous en ce jour historique pour notre peuple.

Je voudrais exprimer ma très grande reconnaissance à tous les pays amis, aux institutions régionales, et internationales dont les efforts conjugués ont permis la normalisation de la situation en Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire n'oubliera jamais ceux qui l'ont soutenue durant ces moments décisifs.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Vous me permettrez de citer tout particulièrement la France avec laquelle la Côte d’Ivoire a des liens historiques et une vision commune de l’avenir.

Monsieur le Président Sarkozy, le peuple ivoirien vous dit un grand merci pour votre engagement dans la résolution de la crise ivoirienne sous mandat des Nations Unies, qui a permis de sauver de nombreuses vies ; nous vous serons toujours reconnaissants.

Nous vous encourageons pour tous les efforts que vous faites pour les pays du continent africain dans le cadre du G8 et du G20.

Monsieur le Président GoodLuck Jonathan, Président en exercice de la CEDEAO, Monsieur le Président Blaise Compaoré, Facilitateur du Dialogue inter ivoirien, Monsieur le Président Abdoulaye Wade, nous savons le soutien que vous avez tous apporté à la Côte d’Ivoire durant ces années difficiles. Je vous en remercie fraternellement.

Je voudrais saluer le Président Barack OBAMA dont l’appui franc et sincère au peuple ivoirien a été déterminant.

Je salue l’engagement de l’Organisation des Nations Unies, ici représentée par Son Secrétaire Général, Monsieur Ban KI-MOON qui s’est donné les moyens pour rétablir la démocratie et pour son action en faveur d’une paix durable dans notre pays.

A l’Union Africaine, la CEDEAO, l’Union Européenne, j’exprime la gratitude du peuple ivoirien pour avoir accompagné la Côté d’Ivoire dans sa quête difficile de la paix.

A tous les pays amis, je veux dire ce matin que la Côte d’Ivoire reste la terre de la vraie fraternité et de l’hospitalité, ouverte sur le monde.

La meilleure façon de vous manifester cette reconnaissance c’est de tenir nos promesses ; à savoir, l’avènement d’une société respectueuse de la démocratie et des droits de l’homme ; une société équitable et prospère.

Chers Compatriotes,

Ce matin, nous voici face au monde entier et face à nous même. Nous voici face à notre destin. Pour certains d’entre vous, ce destin semblait compromis. Pour ma part je n’ai jamais douté un seul instant, que notre pays sortirait de cette épreuve parce que nous, Ivoiriens, savons que chaque situation a sa solution et que nous avons foi en Dieu et en l’avenir.

Ce matin nous sommes là pour parler d’avenir.

Le temps est venu de consolider les piliers de notre République. Le temps est venu de renouer avec les valeurs profondes de notre belle Côte d’Ivoire et de rassembler les ivoiriens.

Chères sœurs, chers frères, célébrons la Paix ; La paix sans laquelle aucun développement n’est possible.

Mettons en pratique la devise de notre pays. L’Union qui sera le creuset de notre réussite. La Discipline qui nous fera grandir dans le respect des règles établies par la République. Le Travail, qui va pour nous libérer de la dépendance et nous apportera le réconfort moral et matériel.
Respectons notre drapeau, symbole vivant de la patrie. Il porte les couleurs de notre terre, de nos forêts, il symbolise notre idéal de paix et notre espérance en un avenir meilleur. Ecoutons notre hymne national : il célèbre l’hospitalité et la fraternité. Il nous rappelle que notre diversité est une force.

Chers Compatriotes,

Nous avons besoin aujourd’hui, plus qu’hier, de nous retrouver pour reconstruire notre mère patrie. Tel est le défi de notre génération, qui doit, avec courage et lucidité, porter la Côte d’Ivoire aux frontières nouvelles du développement et de la prospérité. Alors, comme un grand peuple, nous allons nous rassembler et nous remettre en marche.

A tous les fils et les filles de ce pays, et à tous ceux qui vivent sur notre sol, je veux lancer un
message solennel à la réconciliation, au rassemblement et à l’espérance. Rassembler, c’est la vocation de La République. Nous l’assumerons avec patience et acharnement. Nous comptons achever la réunification effective de notre armée.

Nous mettrons en place de nouveaux programmes d’instruction civique dans nos écoles, afin d’inculquer à nos jeunes les principes fondamentaux de la vie en société. Nous bâtirons une Nation plus juste, plus équitable, dotée d’institutions fortes et indépendantes.

Rassembler, c’est aussi le rôle de chaque Ivoirien et de chaque Ivoirienne. Que chacun fasse l’effort d’aller vers l’autre, de lui accorder sa confiance et son pardon. Que chaque Ivoirien s’attache à recréer les conditions d’une paix durable dans nos villes, dans nos villages, dans nos campagnes et dans nos cœurs. Nous les soutiendrons comme nous soutiendrons toutes les initiatives citoyennes prônant l’union, la réconciliation et la concorde nationale ; parce que nous voulons une côte d’Ivoire véritablement rassemblée.

A chacun de mes compatriotes, je veux renouveler, aujourd’hui encore, mon engagement d’être le garant d’une Côte d’Ivoire laïque, telle que consacrée par notre constitution ; je veux renouveler mon serment d’être le Président de tous les ivoiriens, le protecteur des plus faibles et le défenseur des droits de tous nos concitoyens, sans exclusive.

Célébrons à travers la cérémonie d’aujourd’hui, non pas la victoire d’un camp sur l’autre, mais la fraternité retrouvée et l’amorce d’un nouveau départ.

Allons résolument à la réconciliation nationale en réapprenant à vivre ensemble.

Ce vaste chantier de la réconciliation sera l’occasion pour tous les Ivoiriens de faire définitivement le deuil de nos rancœurs, de panser nos plaies, d’expier les fautes individuelles et collectives et d’écrire une nouvelle page de notre histoire.

De cette catharsis nationale doit émerger un ivoirien nouveau, résolument engagé à servir la Côte d’Ivoire avec amour et désintéressement. Pour ma part, je m’engage solennellement à favoriser cette réconciliation dans le dialogue, la vérité et la justice.

Mes chers compatriotes,

C’est bien évidemment sur la base de mon programme, que des millions de nos compatriotes m'ont accordé leur confiance. Je ne me déroberai pas à cette lourde responsabilité. Tous les jours, tous les instants seront mis au service des Ivoiriens. Toute notre énergie sera consacrée à la Construction et à la reconstruction.

J'invite donc l’ensemble de mes compatriotes à prendre avec moi l'engagement que la Côte d'Ivoire retrouvera bientôt toute sa place dans le concert des Nations.

Nous avons une nouvelle espérance à bâtir pour notre pays, pour l’Afrique et pour le monde.
Je m’attèlerai à mettre en œuvre les engagements pris a la fois par devoir et par respect pour tous.

A cet égard, nous prêterons une attention particulière aux plus démunis et nous apporterons un appui aux entreprises pourvoyeuses d’emplois qui ont été durement éprouvées par la crise.

Nous allons redonner espoir à notre jeunesse qui souffre cruellement du chômage, en assurant son éducation, sa formation et en créant des emplois. Cela est à notre portée, si nous procédons aux reformes économiques indispensables, en vue de relancer les activités économiques et favoriser la croissance.

Nous allons donner la priorité aux femmes et nous rehausserons leur rôle dans l’équilibre de notre société. C’est l’une de mes préoccupations essentielles.

Pour nos parents paysans qui ont fait la richesse de notre beau pays, nous allons réorganiser les principales filières de notre agriculture pour permettre une juste rémunération de leur travail.

Nous favoriserons l’accès de tous les Ivoiriens, aux soins de base sur toute l’étendue du territoire national.

Nous renforcerons nos infrastructures pour l’amélioration du cadre de vie de nos populations.

Mes chers Compatriotes,

Je me suis engagé à mettre en œuvre, avec vous, en cinq ans, dans tous les domaines, mes solutions pour une Côte d’Ivoire d’excellence.

Nous le ferons avec rigueur, en application des règles de bonne gouvernance, avec une justice impartiale et indépendante.

Dans les prochains jours, je formerai un Gouvernement d’union, regroupant toutes les forces politiques de notre pays et la société civile.

Il sera constitué d’hommes et de femmes, ayant un sens élevé de l’intérêt général, selon des critères de compétence, de mérite et de probité.

Une tache immense attend cette équipe. J’exigerai de ses membres la discipline et l’exemplarité afin de restaurer la confiance entre le peuple et ses dirigeants.

Pour concrétiser notre volonté de doter notre pays d’institutions fortes et démocratiques, nous organiserons, avant la fin de cette année, des élections législatives.

Chers compatriotes,

C’est en toute humilité que je me suis présenté devant vous il y a quelques mois comme candidat à l’élection présidentielle et c’est en toute confiance que vous m’avez élu.

Depuis le jour de mon élection jusqu’à cette investiture tant attendue, rien ne vous aura été épargné.

Vous avez souffert, vous avez été meurtris par la perte de proches, mais vous avez fait preuve d’endurance et de courage.

Aujourd’hui, je vous demande, non pas d’oublier, mais d’essuyer vos larmes, de pardonner et de vous mettre résolument au travail.

Excellences, Mesdames et Messieurs, chers frères et sœurs, chers amis qui êtes venus de loin, permettez moi de vous renouveler nos sincères remerciements. Nous saluons chaleureusement vos peuples respectifs et vous prions de leur annoncer la bonne nouvelle. La Côte d’Ivoire se réconcilie et se rassemble, pour participer avec toutes les Nations de bonne volonté, à l’édification de la Paix et de la fraternité dans le monde.

Vive la République,

Vive la Côte d’Ivoire !

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